Challeau

Carole

_ Exposition collective : Automne 2008 (Voir l’expo)

Carole Challeau (1971) vit et travaille près d’Avignon.
Texte sur Le Voile (œuvre ci-contre) Ce dessin de lumière réalisé en partenariat avec la fondation Blachère, a été conçu à Apt, en résidence, en février 2008.
La visite de la cathédrale et de son trésor ; plus précisément la découverte de la crypte et du voile de sainte Anne, m’ont inspiré cette œuvre.
Ce voile de lin datant de 1100 est particulièrement fascinant du fait de sa parfaite conservation et de ses qualités esthétiques en matière de tissage et de textile. La finesse exceptionnelle du voile égyptien comprenant des fragments intacts, d’autres filés, usés, qui m’interpellent et me touchent dans sa traversée des siècles, sa fragilité et sa fonction.
Ce voile qui n’a jamais été porté, était destiné au calife Al Mustala Le. Il fut conservé dans un flacon de verre soufflé et rapporté des croisades pour envelopper les reliques de sainte Anne. Il servait à couvrir et découvrir les reliques au moment des processions.
Aussi, mon « voile » a été créé en résonance avec celui de sainte Anne.
L’œuvre lumineuse est composée de deux dessins en fibres optiques tissés dans une étoffe de soie ivoire. Le premier dessin représente la silhouette d’un homme : le calife, le deuxième celle d’une femme, en écho à sainte Anne, d’où jaillit une fougère du plexus solaire.
Les fibres lumineuses donnent une transparence au tissu, tel un voile contemporain.
Ainsi, l’homme et la femme se superposent, fusionnent et suscitent un effet d’apparition d’où émane une profondeur insondable, proche d’une radiographie.
Par endroit le dessin s’efface, certains points se transforment en traînées de lumière, comme de petites chutes d’eau. Et l’espace devient immatériel. Il en résulte une dimension sacrée, proche du Saint-Suaire de Turin où la présence joue avec l’absence, où le voile remplit son rôle de cacher pour mieux montrer en semant le trouble. Nous sommes dans l’entre-deux, dans cet espace entre, en suspens, cet au-delà …
L’œuvre est présentée dans un sanctuaire aveugle et propose au visiteur une avancée pour provoquer un face à face avec les corps de lumière. Il est conseillé d’entrer dans l’espace, un par un, afin d’inciter à la contemplation et au recueillement. Carole Challeau, juillet 2008

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